Pourquoi et comment s'impliquer aujourd'hui dans la lutte contre les discriminations ?
En cette fin d'année 2014, je me questionne…. La discrimination est-elle vraiment un sujet d'actualité ? Pourquoi et en quoi suis-je concernée ? En tant que femme, professionnelle, citoyenne, mère et grand-mère ?? Je vous livre, pèle-mêle, quelques idées qui restent insuffisamment développées mais qui peuvent ouvrir sur des questions susceptibles d'être abordées notamment dans des espaces de formation. Est-ce que discriminer c'est faire un choix ? Des choix, je suis amenée à en faire régulièrement et je m'efforce d'y mettre un peu de conscience. Une des définitions de la discrimination précise que discriminer c'est faire un choix sur des critères prohibés par la loi. En raison de l'âge, du sexe, de la religion, du quartier, du handicap, de l'origine, je ne vais pas accorder la même attention et surtout les mêmes droits aux personnes parce que, consciemment ou inconsciemment d'ailleurs, en l'explicitant ou pas, je vais en décider autrement. Oui mais c'est normal me dira-t-on, les stéréotypes, les préjugés sont présents dans la relation, tel est le fonctionnement du monde et de la vie… Dans une société de consommation engluée dans des problématiques économiques et sociales il faut pouvoir choisir efficacement, rapidement et stratégiquement !!! Sauf que le monde change. Banalité, truisme me direz-vous ! … Mais si face aux défis d'une mondialisation accélérée, du réchauffement climatique, à l'ère des NTIC, des réseaux sociaux, des énergies renouvelables, il devenait fondamental de s'interroger aussi sur les modes de relations et donc de partage du pouvoir, des décisions et de la coopération. Vous ne faites pas de liens me direz-vous ? Je mélange tout… Peut-être… Le débat est lancé… Réfléchir sur la discrimination, c'est prendre aussi conscience de son mode de fonctionnement dans le lien à l'autre forcément différent, c'est contribuer à construire un monde plus coopératif où chacun a le droit à une place. Souvent sous prétexte d'avoir les mêmes droits, nous refusons de prendre en compte et d'accepter la différence et de développer notre conscience empathique. Lorsque j'ai conduit des actions de formations sur la lutte contre les discriminations avec des groupes constitués de personnes convaincues de l'intérêt de lutter contre les discriminations, j'ai été frappée de voir à quel point nous pouvions focaliser sur une forme de discrimination sans établir de liens avec les autres, par exemple les conséquences du racisme et les inégalités entre les femmes et les hommes. Or pour moi, le plus intéressant c'est de se questionner sur le processus qui nous conduit à différencier les personnes, à en déduire des généralités qui peuvent leur nuire et leur interdire l'accès à certains droits. Par ailleurs, après cette prise de conscience, il me semble important de pouvoir agir. En effet, nous sommes nombreux, aujourd'hui, à vouloir lutter contre les discriminations mais c'est par des actions concrètes sur le terrain dans les pratiques que les changements peuvent s'opérer, l'idée étant de mutualiser toutes les petites actions à la portée de tous. C'est parce que nous pourrons échanger sur nos difficultés, nos expériences en bénéficiant du regard, de la critique, du soutien des autres différents que nous pourrons avancer sur ces problématiques de discrimination. En 2015, nous proposons de mettre en place un dispositif de formation- action financé par le Conseil Régional d'Ile de France. Nous venons de recevoir une demande d'inscription de L'association La Mie de Pain, et je me permets avec leur accord de vous la livrer telle qu'elle :
Voilà les raisons de notre intérêt pour cette formation : dans notre accueil de jour, nous accueillons du mardi au samedi des personnes majeures en situation de grande précarité. C'est un espace d'accueil inconditionnel, anonyme et gratuit, fréquenté par un public très varié : beaucoup d'hommes (90%), majoritairement sans ressources, vivant dans des conditions d'hébergement précaires (chez des tiers, dans des squats, à la rue, dans le métro, dans des campements, etc.) ; beaucoup sont étrangers, originaires de pays du monde entier. Tous ont l'occasion d'être confrontés à des discriminations, à cause de leur statut social, de leur mode de vie, de leurs origines, de leur apparence, etc. En tant que professionnels accueillant ces personnes, cette question des discriminations nous touche et nous interpelle, et ce à différents niveaux : nous sommes fréquemment témoins –plus ou moins impuissants- de processus discriminatoires de la part d'institutions ou d'administrations, nous sommes parfois d'ailleurs les messagers devant expliquer ces processus ; il nous arrive d'être accusés nous-mêmes d'être discriminant dans nos pratiques ou dans nos propos (et peut-être le sommes-nous ?) ; il nous arrive d'être nous-mêmes victime de discrimination, et il nous arrive enfin de devoir intervenir dans des situations où les accueillis opèrent des discriminations entre eux. La formation que vous proposez nous intéresse donc particulièrement en ce qu'elle offre une opportunité non seulement de comprendre ces processus, mais aussi –et surtout- en ce qu'elle nous permettrait d'agir dessus et d'y induire des changements. L'ensemble de l'équipe étant motivée et mobilisée pour réfléchir à ce sujet, nous souhaiterions solliciter une formation collective, en intra, rassemblant professionnels et bénévoles intervenant au sein de notre établissement.
Christine OLIVIER, psychosociologue, directrice d' Expression
Calendrier des premières sessions Lutte contre les discriminations :
Session 1 : 2 - 3 février + 3 mars + 7 avril 2015 Session 2 : 9 - 10 février + 11 mars + 14 avril 2015 Session 3 : 16 - 17 mars + 15 avril + 13 mai 2015 Session 4 : 26 - 27 mars + 11 mai + 15 juin 2015 Infos / inscriptions : contact@expression-sarl.com