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Articuler la singularité des JE pour créer un NOUS


Le 22 Novembre à l'Ircam, lors d'une rencontre-débat, nous avons vécu un beau moment d'accueil, de partage, de rencontres et de cocréation, autour du thème : Questionner ses pratiques professionnelles : le co-développement, un moyen de renforcer l'intelligence collective dans les organisations Un évènement autour de l'intelligence collective, construit en intelligence collective. Soulevons quelques instants le rideau, pour donner la parole aux organisateurs. Ecoutons-les* : La préparation : « Prévoir et organiser au mieux, puis je peux laisser advenir et avoir confiance » … « J'ai d'abord regardé en face ma peur de l'échec et j'ai ensuite visualisé la réussite » … « Je me suis sentie motivée par les actions et l'énergie des membres du groupe. » … « J'aime ce qui est pratico-pratique et c'est ce pragmatisme que j'ai essayé d'apporter. » … « J'ai amené ma capacité d'adaptation, mon goût pour jouer, mon empathie et ma vulnérabilité » … « Appréhension, il me fallait lâcher prise, faire confiance. Peur d'être, une nouvelle fois, déçue par l'inertie du collectif. » … « Accepter que le « je » soit transformé par le « nous » » suppose, pour moi, de renoncer à un « je » un peu trop tout puissant qui a besoin de contrôler pour être rassurée. » … « M'engager sur l'énergie du groupe et partir trop vite ? L'inertie, le flottement me font douter, vais-je reculer devant les difficultés ? Je redonne de l'impulsion et je fonce ! » Le jour J : « Enthousiasme, plaisir, excitation… Me faire confiance, faire confiance aux autres, à l'intention positive de chacun et à la force du groupe. Une grande fluidité, beaucoup d'authenticité et de respect dans les échange. » … « J'ai adoré la fluidité avec laquelle tout se mettait en place, chacun étant à la fois bien dans son rôle et à l'écoute des autres » … « Assembler, au départ de ma personnalité, et rejoindre l'autre, me sentir rejointe par la différence et, créer UN TOUT… Et c'est aussi là où ça n'a pas été rejoint que les choses se sont créées. » … « Quelques étincelles de plaisir, quand le « nous » a commencé à émerger, quand le « nous » pouvait même exister sans mon « je ». Puis le jour « J » quand le « je » et le « nous » se sont mélangés et que j'ai assisté avec émerveillement à la naissance d'un nouveau « nous » j'ai ressenti une joie sincère, de la légèreté » … « La confiance basée sur le couple bienveillance et professionnalisme. Je me sens à ma place, portée par chacun et je peux donner toute mon énergie. Je me laisse encore surprendre par la magie du collectif : installation de fortune, mais ensemble, à l'écoute, et riches de nouvelles potentialités. » L'après : « J'ai senti toute la valeur de mon Je pour la réussite du Nous » … « Un très bel exemple d'intelligence collective avec les moyens du bord et par grand vent. » … « Envie de prolonger cette dynamique » … « Envie de poursuivre ensemble l'aventure du « nous » qui avait pris le temps, son propre temps pour naître. » … « Le Nous a pris son essor, j'ai envie de l'entretenir. » Pourquoi questionner ses pratiques professionnelles, pourquoi vouloir renforcer l'intelligence collective ? Cette forme d'intelligence, susceptible de dépasser, en les interrogeant, les intelligences individuelles et les savoirs spécialisés, prend son essor avec le développement d'Internet . Aujourd'hui, pour faire face aux profondes transformations en cours, à leur rythme accéléré, à la complexité et l'incertitude de leur environnement, les organisations en ont besoin. Or la renforcer, c'est lui donner de l'espace, dans des structures et des modes managériaux qui lui sont souvent contraires, fondés sur l'autorité, le contrôle, la division du travail et les organigrammes. Comment, aujourd'hui, libérer la créativité et générer de l'engagement, autour d'un but commun explicite ? L'atteinte de ce but commun, suppose l'interdépendance d'activités individuelles ajustées entre elles. Ce qui distingue l'intelligence collective d'un travail collectif, c'est le dépassement dû à la relation entre les membres du collectif. C'est précisément ici, qu'intervient le codéveloppement. Une démarche qui peut paraitre si simple et qui est si puissante ! Le cadre précis et rythmé rassure, il favorise la puissance du collectif, dans la production des idées, qui rebondissent, s'enrichissent, puis se transforment en des propositions, suivies par des mises en action et des retours d'expérience. Mais le codéveloppement, n'est pas qu'un dispositif de production de solutions innovantes à des problèmes. C'est une démarche auto-apprenante, s'il donne toute sa place aux particularités de chacun. Parce qu'un groupe de codéveloppement s'inscrit dans la durée (6 à 12 mois) il peut se transformer en une équipe « agile », un groupe d'appartenance défini par ses objectifs et sa coactivité. Au fil des séances, par l'appropriation du cadre proposé, il favorise l'apprentissage de nouvelles formes relationnelles : authenticité et respect, lâcher prise et confiance au collectif, bienveillance et coopération, la présence à l'autre et l'écoute, et surtout autonomie. Des qualités qui ne s'oublient pas et qui diffusent ensuite dans les autres instances organisationnelles. Le codéveloppement peut permettre l'émergence de nouvelles formes de Nous, basées sur la singularité de chacun des participants. Ici, la cohésion n'est pas un postulat de départ qui gommerait les individualités, la norme d'autorité jouant le rôle de la gomme . L'animateur, au-delà de tenir le cadre d'une méthodologie bien structurée, observe, repère et nomme. Il fait ainsi, le pari de la singularité, qui insiste sur la manière dont les individus se construisent eux-mêmes, comme différents de leurs semblables. Il travaille sur la prise de conscience de l'interdépendance des individus et donc, en corollaire, de leur fragilité individuelle . Le culte du grand singulier repose moins sur l'intégration que sur la différenciation. Si les effets positifs d'une démarche bien menée, ne sont plus à prouver, l'implication dans le groupe, l'inscription dans le temps, peuvent, dans certaines structures, soulever des freins, aussi bien culturels qu'organisationnels. Comme toute démarche de transformation, elle fait des vagues … A bientôt pour de nouvelles aventures ! Laetitia Ricci, coach et consultante au service de la transformation des organisations publiques et des territoires

avec la complicité de * : Isabelle Cabau, Isabelle Gonse, Jean Paul Lebrun, Christine Olivier, Damaris Sotomonte-Vargas, Karine Subrenat

1ère et 2ème parties :


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