ALTERITE & ELOGE DU CONFLIT
« Nos sociétés [seraient] entrées de façon durable, dans l’époque de l’unification, de la négation de l’altérité et du conflit. Au nom de la transparence et du consensus, le sens commun a en effet tendance à considérer aujourd’hui que nous savons toujours dans quelle intention nous agissons. Que toute activité humaine renvoie par nature à une intention ou du moins à un but humainement compréhensible. Que rien n’est fait hors de la visée d’une utilité. Qu’enfin la revendication de transparence — de soi à soi, des autres à soi, de soi aux autres, du pouvoir au citoyen, etc. — est légitime et sans complexité aucune. » [1] Pas si simple !
Les conflits font partie de notre quotidien. Si, Si… Qu’ils soient en-dedans ou en-dehors, en soi, ignorés voire refoulés, banalisés ou dramatisés, gros ou petits, qu’ils concernent une ou plusieurs personnes : ils sont là et méritent que l’on y porte attention.
Dans le cadre de notre travail, nous sommes régulièrement appelés à nous positionner et à exprimer un désaccord voire un refus. Or, ce n’est pas chose facile ! Désaccords ou refus sont souvent teintés de sentiments et d’émotions, peur, colère, honte et peuvent susciter de l’agressivité. Les relations deviennent alors plus tendues. Face à une difficulté relationnelle, nous pouvons avoir du mal à faire avec le réel et nous réfugier dans un espace qui nous convient psychiquement, émotionnellement.
Faire l’éloge du conflit, c’est choisir d’y faire face et d’aller à la rencontre de l’autre. C’est accepter d’y consacrer de l’espace et du temps, de nous pencher sur la complexité à l’œuvre, les ambivalences, en soi et chez l’autre. C’est essayer de déplier l’écheveau des émotions et sentiments, et prendre conscience de dysfonctionnements, de problèmes, de difficultés que nous n’avions pas forcément perçus.
Car ces obstacles s’ils sont dépassés, peuvent être sources d’enrichissement pour tous, pour l’organisation du travail ; ils nous permettent d’imaginer des façons d’être ou de faire autrement.
Et faire l’éloge du conflit, ça s’apprend ! Oui, il est possible de faire évoluer son rapport au conflit, de percevoir la conflictualité dans une approche constructive et d’acquérir démarches et attitudes qui peuvent permettre d’aller vers l’autre, de prévenir ou traiter des situations conflictuelles.
« Il est très difficile de savoir que faire, quand on n’a pas le temps pour penser. » W.R. Bion
Nous vous invitons à prendre un moment pour faire l’éloge du conflit :
[1]Miguel Benasayag, Angélique del Rey , Dans Éloge du conflit (2012), pages 77 à 95
Comments