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Gouvernance oui mais Partagée

Expression organisme d’intervention et de formation existant depuis plus de 35 ans sous la forme juridique d’une Sarl ( Société à responsabilité limitée) s’est récemment transformé en SCIC (société Coopérative d’intérêt Collectif). Cette transformation longuement préparée a permis une modification importante en faisant évoluer son mode de direction vers un nouveau mode de gouvernance, une gouvernance partagée.


Le mot gouvernance fut d’abord utilisé comme renvoyant à l’idée de « gouvernement » entendu au sens d’art de gouverner. Le mot gouvernement est en lien avec l’action d'administrer, de mener, de conduire quelque chose ou de diriger la conduite d’une personne. 


La gouvernance d'entreprise elle, concerne la manière dont une entreprise est dirigée et contrôlée. Elle implique la définition des rôles et des responsabilités des différents acteurs, la mise en place de mécanismes de contrôle et de transparence, et la prise de décisions stratégiques.


Pour la gouvernance partagée, l’idée ici avec le mot «partagé» est que quelque chose soit effectué à plusieurs et ensemble.


Le concept de gouvernance diffuse au travers du langage managérial alimenté par les sciences sociales et humaines. L’entreprise devenant une institution sociale davantage qu’un organisme mécanique, en réaction aux structures de type taylorien, ou la décision verticale et descendante est alors perçue comme un handicap stratégique.  


La gouvernance partagée devient donc un modèle de gestion où les décisions ne sont plus prises de manière centralisée par une hiérarchie, mais sont élaborées collectivement par tous les membres d'une organisation. Il s'agit d'une redistribution du pouvoir et des responsabilités.


L’entreprise se conçoit alors comme un modèle biologique. Chaque individu comme chaque cellule faisant partie d’un organisme avec comme condition sa survie et le maintien de son homéostasie dans le cadre d’un développement permanent et dynamique.  


Les modalités de la gouvernance partagée sont importantes avec par exemple la question de la raison d’être qui concerne la cause ou la croyance profonde qui sous-tend l’existence d’une organisation. Chaque individu doit d’abord connaitre la sienne et aussi celle de l’organisation, ce travail doit être un préalable qui permettra à chacun d’être au clair avec ses intentions et d’être congruent avec l’organisation. L’objectif étant que le groupe puisse dépasser le stade d’une simple collection d’individus chacun se mettant au service du sens de l’organisation en ayant acquis son autonomie par le sens. Il faut aussi qu’un autre type de hiérarchie s’installe. L’idée est d’introduire de l’horizontalité de façon par exemple à éviter l’opposition classique entre un manager et ses collaborateurs. Dans une gouvernance partagée, il n’y a donc pas de manager ni de managés, les fonctions de management nécessaires au bon fonctionnement de l’organisation sont exercées collectivement par le biais de la mise en place de processus adaptés et de règles de bon fonctionnement.


Nous avons pu courant novembre lors de la rencontre débat organisée par Expression expérimenter un sociogramme.


Cet outil pédagogique est modélisant, en lien avec un mode de fonctionnement propice au développement d’une bonne gouvernance partagée.


A partir de la thématique choisie : « échanger sur les expériences de la gouvernance partagée, différentes propositions ou questions ont été soumises aux membres du groupe, propositions sur lesquelles les personnes ont été amenés à réagir en se positionnant dans l’espace en fonction de leur réponse, par exemple pour un oui les personnes se lèvent et pour un non elles restent assises. Ensuite chacun est libre de s’exprimer, l’intérêt étant de favoriser l’échange. L’idée étant de bien regarder qui se lève et qui reste assis afin que le groupe puisse ensuite échanger sur les réactions des uns et des autres et d’avoir des choses à dire, sur ses ressentis, sur ce qui nous a étonné dans ce qui s’est passé par rapport à notre vécu en osant se laisser surprendre par ce qui est dit dans l’ici maintenant.


Cet exercice permet à chacun d’avoir une représentation, et ce de façon assez rapide, de la constitution du groupe. Il permet aussi d’expérimenter le fait d’appartenir à un groupe et comme avec la gouvernance partagée il repose sur la dynamique du groupe.


Pour que cela fonctionne il faut un cadre et des règles. Ce seront l’ensemble des règles relationnelles qui permettront à chacun de pouvoir s’exprimer dans un cadre sécurisé en contenant ce qui émerge durant le sociogramme, en donnant du temps pour que chacun puisse s’exprimer s’il le souhaite.


Chaque personne doit être co-responsable en mettant au travail sa subjectivité avec ses enjeux personnels, ses émotions, sa volonté de contrôle, ses croyances, son besoin de sécurité et de reconnaissance qui viendront à un moment ou un autre s’entrechoquer dans le projet de faire ensemble et la question de la co-responsabilité.


La question du pouvoir ne peut être ignorée. La question du pouvoir est celle d’une relation de domination, un « pouvoir sur ». L’individu qui s’engage dans un « pouvoir sur » part du principe qu’il ne peut pas obtenir ce qu’il désire en le négociant dans un esprit de libre arbitre des deux parties, avec une forte crainte du refus. Il existe une autre approche en partant de l’idée qu’une bonne relation peut aussi se réaliser dans le cadre d’un intérêt réciproque à faire les choses les uns pour les autres, c’est le « pouvoir pour ».


La gouvernance partagée est un nouveau faire et penser ensemble qui nécessite une réflexion approfondie et de se donner du temps. Des apprentissages sont nécessaires, le sociogramme pourrait-il les favoriser ?    


Pierre Yves Compan, psychologue du travail spécialisé en santé au travail; coach professionnel certifié.



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