INVISIBLES, VULNERABLES, MINORE.ES, RACISE.ES : TRANSFORMER LA COLERE EN POUVOIR D'AGIR ?
Retour sur l'atelier débat du 11 juin 2020
Atelier débat : Atelier, dans un atelier on peut trouver un établi, des clous, des marteaux, peut-être une perceuse… Ou encore dans d’autres ateliers, on va trouver des grosses machines qui avalent les Charlots comme dans les Temps Modernes , certains ateliers sont de couture, de peinture ou encore de Mosaïque … Ce matin du jeudi 11 janvier, j’allai de ma cuisine à un atelier-débat. Qu’allons-nous bien pouvoir fabriquer ? Un atelier, c’est un endroit où l’on fabrique, on cherche, on teste, parfois on trouve, en tout cas on trouvaille. Dans un débat on échange des idées, parfois même on s’engueule, on écoute et on se fait réfléchir. Alors un atelier débat, ça serait peut-être un endroit où l’on cherche à fabriquer des idées, à trouvailler des désaccords, à harmoniser nos dissonances. J’ouvre mon ordinateur et je suis rapidement plongée dans une mosaïque de visages et de prénoms, ça sera mes camarades d’atelier pendant les 2 prochaines heures. Aujourd’hui, nous bricolerons avec l’égalité, l’inclusion, la diversité pour essayer de chercher comment faire contre les discriminations ? Laetitia installe le climat de travail et présente la proposition de l’atelier : Le savoir est utile, mais jamais autant que rattaché à une expérience. L’expérience est nécessaire, jamais autant que nourrie de réflexion pour engendrer une action. Alors partageons nos questionnements, nos expériences, nos savoirs, nos doutes et nos convictions. Et mettons les au travail, ensemble, sur l’établi ! Pierre nous amène de la matière première en recontextualisant à un moment où les tensions raciales sont très présentes, notamment aux Etats-Unis, où le mot « invisible » retentit de fenêtre en fenêtre. « Invisibles », « minoré.e.s », « vulnérables », ou encore « racisé.e.s » : au-delà des mots, quels enjeux, quelles réalités ? Quels ressentis, quelles expériences ? Christine anime ensuite un sociogramme1 et nous devons nous positionner sur des questions parfois intimes, parfois amusantes, parfois agaçantes. L’exercice nous réveille et nous interpelle. Il libère les quelques résistances et crée une connivence. Le climat de travail est installé pour un partage d’expérience souvent intimes et toujours signifiantes. Dans l’atelier, ça fourmille, jusqu’à Mayotte. Les « oeuvriers » et surtout les « oeuvrières » de l’égalité réfléchissent, discutent, argumentent, questionnent … Minoré.e.s, Racisé.e.s, racisme d’état, privilège blanc, paradoxe minoritaire, toutes ces notions complexes, nous les avons décortiquées, non pas tant d’un point de vue théorique, mais en lien avec nos expériences, nos ressentis. Pendant ces deux bonnes heures de travail, nous avons cherché ensemble des idées, nous nous sommes confrontés les un.e.s les autres et je retiens l’idée de nous mettre au travail collectivement pour nous « dé-centrer », trouver des points de convergences pour asseoir les luttes et trouver l’énergie de transformer un petit bout de nos réalités professionnelles. Sortir de la sidération, de l’aveuglement et faire alliance ? Pour reprendre le bel avertissement d’Aimé Césaire : « On peut se perdre par ségrégation, muré dans le particulier ou par dilution dans l’universel ». Alors, restons à portée de vue, ensemble. Mais rester ensemble tout en étant soi, ne pas devoir disparaître pour pouvoir avoir l’autorisation d’être avec. Noémie Peyrel, Formatrice, Accompagnement Education Populaire, Travail Social, Laetitia Ricci, Psychosociologue, Formatrice, accompagne la transformation des organisations et des territoires, Pierre Lenel, Sociologue et Christine Olivier, Psychosociologue, Directrice d’Expression
1 Un sociogramme est une série de questions visant à : - Créer du lien et commencer à se connaître en un temps restreint - Savoir avec qui l’on travaille pour commencer à construire l’énergie du groupe - Se situer personnellement vis-à-vis d’un thème et partir du vécu personnel
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