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Invisibles, vulnérables, Minoré.es, racisé.es : Transformer la colère en pouvoir d'agir ?

« On peut se perdre par ségrégation, muré dans le particulier ou par dilution dans l’universel » A. Césaire


Invisibles ! Combien de fois ce terme a-t-il retenti depuis le 17 mars 2020, des chercheurs en sciences sociales aux éditorialistes de BFM en passant par les commentateurs de tout poil ? Ainsi, semblent dire tous ces auteurs, les invisibles apparaitraient enfin au grand jour. Enfin, la société aurait l’occasion de reconnaître leurs existences (plurielles car il y a différentes façons de subir l’invisibilité sociale), et dans le même mouvement, leur indispensable participation à la vie de la société française, dans toutes ses dimensions, économique, sociale et bien sûr sanitaire, au sens vital du terme. Ils permettent et protègent notre vie au prix de la leur ! Il y a effectivement de quoi applaudir ! « Invisibles », « minoré.e.s », « vulnérables », ou encore « racisé.e.s » : hier, dans nos interventions et formations auprès des professionnels des secteurs social et médico-social, la question de l’égalité et des discriminations, s’accompagnait d’une pluralité d’émotions, souvent très fortes ; aujourd’hui, à l’heure où les plus vulnérables sont encore les plus exposés, c’est la colère qui domine ! Sommes-nous face à un phénomène d’occultation d’un racisme d’État ? Un refus d’admettre le processus d’ethnicisation et de racisation des rapports sociaux ? Processus qui serait renforcé par la globalisation contemporaine : « Globalisation qui nous réduit à une poussière de particules contractantes » nous dit A. Supiot. Discrimination, diversité, inclusion et domination. Reconnaissons l’ambivalence, faite de solidarités et d’exclusions, dont fait preuve aussi bien la société civile que les pouvoirs publics. Depuis une quinzaine d’années émergent, parallèlement aux progrès français, réels, en matière de lutte contre les discriminations, des associations ou des mouvements qui revendiquent haut et fort quelque chose d’une identité qui met au centre de leurs discours le mot race, qui sera par ailleurs, très probablement retiré de la Constitution française. Que signifie alors ce terme de racis.é.e ? Le terme racisé, utilisé à l’origine par les chercheurs en sciences sociales, a été repris, ces dernières années par les cercles militants antiracistes. Il désigne les personnes (noires, arabes, roms, asiatiques, musulmanes, etc.) renvoyées à une appartenance (réelle ou supposée) à un groupe ayant subi un processus à la fois social et mental d’altérisation sur la base de la race. Dans le cadre de mes formations à la lutte contre les discriminations, je décris le processus de racialisation et le paradoxe minoritaire : "qui fait que le minoritaire est contraint de reprendre à son compte la catégorie qui est au cœur du processus qui le minorise pour tenter de contester celui-ci " . Au cours de l’une d’entre elles, face à une jeune femme qui se présente comme racisée, je vais expérimenter moi-même ce processus : je réalise que je suis blanche. Comme on ne naît pas noire, on le devient dans le regard des autres et tout spécialement dans le regard des majoritaires, je suis devenue blanche dans le regard d’une jeune femme racisée. Comme le dit si bien R. Dyallo : « J’ai perdu le luxe de ne pas me penser en tant que groupe racial. Car le privilège blanc, c’est aussi ne pas avoir à penser sa couleur au quotidien. » Je ne suis pas victime de « racisme antiblanc » je subis les conséquences de l’idéologie raciste. Ce faisant, je contacte cette expérience de mise en altérité, que décrit D. Jodelet : « Positionnement dans une extériorité radicale ou reconnaissance d’une proximité ? Interdépendance, intersubjectivité ou étrangeté absolue ? » A nous de choisir ! « Invisibles », « minoré.e.s », « vulnérables », ou encore « racisé.e.s » mais aussi « majorés » : C’est, dans une perspective pratique, à une réflexion autour de ces mots, mais surtout des réalités qu’ils recouvrent et aux enjeux qu’ils déploient que nous vous proposons de participer le 11 juin prochain. Que disent-ils des rapports sociaux à l’œuvre dans la société française ? De la colère qui gronde ? Comment œuvrer pour transformer cette colère en pouvoir de penser et d’agir ? Sortir de la sidération, de l’aveuglement et faire alliance ? Laetitia Ricci, psychosociologue et accompagnante de la transformation des organisations et des territoires et Pierre Lénel, sociologue Atelier débat le 11 juin 2020 de 9h00 à 11h30, en zoom Lien à recevvoir pour une ouverture dès 8h45

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